Gaëlle Hartmann, photographe

Tout d’abord, il faut que tu saches que je travaille en lumière naturelle. Pas de flash, aucune lumière additionnelle, et d’ailleurs ni accessoire ni mise en scène, juste toi.
Cela implique qu’il faut un minimum de luminosité ambiante pour la séance. Il s’agit d’un choix esthétique, mais aussi d’un souci de vérité. J’ai tendance à penser que la beauté nait de sincérité, parfois d’oubli, voire même de négligence, qu’elle se révèle en dehors des artifices.
Alors non, je n’utiliserai pas photoshop pour t’enlever un bourrelet ou un petit bouton, je t’assure que ton charme ne tient pas à ça !
Ensuite… je dirais qu’en tant que photographe, je crois que je suis plutôt discrète. C’est assez important pour moi qu’on ne me voie pas trop, qu’on ne fasse pas attention à moi pour que je puisse avoir des résultats que j’estime intéressants.
Étant donné qu’on m’a souvent surnommée « photographe ninja », qu’il n’est pas rare qu’à la fin de mes interventions on me dise « Ah tu étais là? » ou encore « Mais tu as réussi à prendre des photos? », ça me laisse penser que j’arrive pas trop mal à me faire oublier.
C’est lors des séances individuelles que c’est le plus délicat; te faire oublier qu’un objectif te sépare de la seule personne qui se trouve en face de toi, inutile de dire que ce n’est pas évident. Mais on prend le temps, on se parle, on se détend. Et, mine de rien, je mitraille ! Oui je profite du luxe que permet le numérique, je prends beaucoup de photos. Bien sûr ça démultiplie mon travail, mes disques durs explosent et rien que le tri de mes fichiers me prend beaucoup de temps, mais je veux attraper ce moment entre deux, celui où tu m’as oubliée, celui qu’on n’avait presque pas vu, je veux choisir ma photo.
Depuis le jour où, petite, on m’a tendu un appareil, j’ai toujours pris énormément de photos. Partout, tout le temps, je photographiais mes amis, les moments qu’on passait ensemble, les endroits où on allait, les curiosités qu’on rencontrait… Mon argent de poche passait dans des appareils photo jetables et leur développement. J’avais besoin de me souvenir. Je voulais emporter tous ces moments avec moi, ne pas oublier. Garder ceux que j’aime, ceux avec qui j’ai partagé un bout de chemin, quelque part près de moi.

Quand on me demande si la photographie est une passion, je réponds que c’est une frénésie. Parce que si la pellicule est ma mémoire, je veux tout capturer, tout emporter,
ne rien laisser à l’oubli.

Photographier, ce n’est qu’être témoin. C’est dire : à ce moment, à cet endroit, voilà ce que j’ai vu. Photographier, ce n’est pas contraindre à une vérité, ce n’est pas juger; c’est proposer un angle de vue, suggérer une représentation possible.
Mais comment photographier si ce n’est avec sa sensibilité ? Surtout quand elle ne vous laisse pas tranquille… Peut-on parler d’hypersensibilité ? Ou est-ce simplement l’humanité, qui nous fait voir le monde à travers ses yeux, d’un excès de violence à un excès de saveur, qui sait nous faire danser comme elle nous met à terre, qui tire le fil des émotions comme on joue quelques notes sur un clavier ? Elle, délicate, empathique, Délice et souffrance, Rendant profondément vulnérable. Qu’il faut être fort pour la vivre ! Peut-être un peu féroce parfois… Ça tombe bien, j’ai toujours été sauvage. Viscérale. Intense, avec des hurlements dans le ventre. Assoiffée de Liberté, affamée, indomptable. Femme, homme, animal. Comment se définir quand on est éclectisme et contradiction ? Ce que je peux dire, c’est que je crois en l’authenticité. Que j’ai un besoin fondamental de sincérité. Et que c’est avec tout ça que je photographie.

Gaëlle Hartmann – Photographie numérique instantanée – Strasbourg

– photographe de plateau, portrait, concert et spectacle, mariage, naissance, reportage –

autoportrait gaelle hartmann photographe strasbourg

« J’aime les gens qui doutent, les gens qui trop écoutent leur cœur se balancer
J’aime les gens qui disent et qui se contredisent et sans se dénoncer
J’aime les gens qui tremblent que parfois ils ne semblent capables de juger
J’aime les gens qui passent moitié dans leurs godasses et moitié à côté…
– J’aime leur petite chanson, même s’ils passent pour des cons –
J’aime ceux qui paniquent, ceux qui sont pas logiques enfin, pas comme il faut,
Ceux qui, avec leurs chaînes pour pas que ça nous gêne, font un bruit de grelot
Ceux qui n’auront pas honte de n’être au bout du compte que des ratés du cœur
Pour n’avoir pas su dire « Délivrez-nous du pire et gardez le meilleur »
– J’aime leur petite chanson, même s’ils passent pour des cons –
J’aime les gens qui n’osent s’approprier les choses encore moins les gens
Ceux qui veulent bien n’être qu’une simple fenêtre pour les yeux des enfants
Ceux qui sans oriflamme, les daltoniens de l’âme, ignorent les couleurs
Ceux qui sont assez poires pour que jamais l’Histoire leur rende les honneurs
– J’aime leur petite chanson, même s’ils passent pour des cons –
J’aime Les Gens Qui Doutent et voudraient qu’on leur foute la paix de temps en temps
Et qu’on ne les malmène jamais quand ils promènent leurs automnes au printemps
Qu’on leur dise que l’âme fait de plus belles flammes que tous ces tristes culs
Et qu’on les remercie, qu’on leur dise, on leur crie « Merci d’avoir vécu »
Merci pour la tendresse, et tant pis pour vos fesses qui ont fait ce qu’elles ont pu »

Anne Sylvestre